Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
''Expert en intelligence artificielle, ex-Head of AI Research chez Fieldbox, je suis aujourd'hui freelance pour choisir des projets alignés avec mes valeurs. Engagée pour la diversité, je soutient les femmes dans la Tech via l'association Elles bougent et milite pour un secteur plus inclusif.»
Avant de vous lancer en freelance, vous occupez le poste de Head of AI Research chez Fieldbox. Quels conseils donneriez-vous à celles et ceux qui aspirent à ce type de poste ? Pensez-vous que ces recommandations diffèrent en fonction du genre ?
"Je conseillerais d'acquérir trois types d'expériences, peu importe le genre :
- Recherche académique : Travailler sur une thèse et des post-doctorats permet d'acquérir une méthodologie scientifique solide et d'apprendre à poser les bonnes questions.
- Projets concrets de data science et d'IA : Ces expériences sont essentielles pour comprendre les défis quotidiens d'un data scientist et les problématiques clients.
- Recherche appliquée : Ici, le cycle de production et d'innovation est similaire à la recherche académique, mais souvent accéléré et orienté vers la valeur pour l'utilisateur (clients ou data scientists ayant besoin d'outils pour faciliter leur travail).
Enfin, il est essentiel de savoir prioriser les questions de recherche et de mentorer son équipe.Pour les femmes aspirantes à ce genre de poste, mon seul conseil est de bien prendre conscience de leur valeur et de ne pas hésiter. Elles peuvent tout à fait réussir, et elles sauront gérer l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle."
Qu'est-ce qui vous a motivée à choisir la voie du freelancing ? Avec plusieurs mois d'expérience en tant qu'indépendante, quels conseils pourriez-vous partager avec ceux qui envisagent cette transition ?
"Après avoir travaillé dans la recherche publique et en entreprise, l'entrepreneuriat semblait être une aventure intéressante. Devenir freelance était une façon d'y goûter et de me prouver que je pouvais réussir dans ce domaine.
J'étais également en quête de sens et souhaitais pouvoir choisir les projets en accord avec mes valeurs.
Mes conseils :
- Préparer la transition : Assurez-vous d'avoir un client potentiel ou des économies avant de vous lancer, car trouver la première mission peut prendre du temps.
- S'appuyer sur son réseau professionnel : Discuter avec ses contacts peut aider à trouver des opportunités ou simplement obtenir des conseils et du soutien."
Pourriez-vous nous parler de votre engagement pour les femmes dans la Tech et de l'association « Elles bougent » ? En quoi cet engagement a-t-il enrichi votre parcours professionnel et personnel ?
"J'aime promouvoir les femmes dans la Tech, que ce soit lors de journées d'orientation (comme celles de l'association Elles bougent qui arrivent bientôt) ou via des tables rondes et des interviews. J'espère que ces contenus sont partagés avec des jeunes filles, pour leur donner des idées de carrière et les encourager à sortir des stéréotypes.
Mon engagement se manifeste aussi au quotidien. Conseiller et encourager les personnes autour de moi, ou réagir face aux micro-agressions, est tout aussi important.
Cet engagement m'a permis de voir combien les jeunes filles peuvent parfois se sentir rabaissées ou découragées. Il est essentiel de rester solidaires et de trouver des moyens de s'élever ensemble. J'ai fait de belles rencontres grâce à cela, notamment en étant nommé pour le prix de la jeune ingénieure en IA en mars 2023."
Aujourd'hui, seulement 17 % des professionnels du secteur numérique en France sont des femmes. Quelle est votre opinion sur cette statistique ? Quels conseils donneriez-vous pour encourager et promouvoir davantage la diversité dans le secteur ?
"Cette statistique est désolante. Le manque de diversité nuit à nos équipes et limite la créativité pour des solutions innovantes. J'en parle en détail dans un article.
Des changements profonds sont nécessaires dans la société, notamment dans les campagnes marketing pour enfants qui perpétuent des stéréotypes (bleu/foot/médecin pour les garçons et rose/poupée/cuisine pour les filles). Il faut éduquer les garçons avec une vision plus saine de la masculinité, et encourager les filles à s'exprimer au-delà des attentes de douceur ou de complaisance.
Ceux qui travaillent avec de jeunes enfants devraient être formés pour ne pas perpétuer les stéréotypes. Cela pourrait également inclure les jeunes parents, qui n'ont parfois pas conscience de ces enjeux.
Enfin, sensibiliser autour des femmes dans le numérique du post-bac jusqu'en entreprise est essentiel pour créer des environnements accueillants. Les cercles de parole et les ateliers de sensibilisation aux micro-agressions sexistes sont de bonnes pratiques pour cela."
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